Le scénario de la Réserve fédérale et des taux d’intérêt s’apparente à un thriller à suspense où le héros, contre toute attente, refuse de jeter l’éponge. Les dernières mises à jour du camp de la Réserve fédérale révèlent une position prudente à l'égard de l'idée d'une réduction drastique des taux d'intérêt suite à leur imposant sommet de 23 ans. Christopher Waller, un poids lourd dans le domaine de la fixation des taux, a lancé une balle courbe avec son récent discours, préconisant un report des réductions de taux au milieu des préoccupations inflationnistes qui refusent de s'incliner tranquillement. Cette décision souligne un sentiment plus large au sein de la Fed : la patience est une vertu, en particulier face aux vagues imprévisibles de l'économie.
Résoudre l’énigme de l’inflation
Le processus de hausse des taux de la Réserve fédérale jusqu'en 2022 et 2023 a été tout simplement agressif, une position audacieuse contre les pressions inflationnistes les plus sévères observées depuis des générations. Juste au moment où le discours semblait pencher vers des réductions de taux suite à une baisse significative de l’inflation au cours de la seconde moitié de l’année dernière, l’intrigue s’est épaissie. L' économie américaine a fait preuve d'une résilience remarquable, mais la persistance de l'inflation, en particulier dans le secteur des services, laissait entendre que la bataille était loin d'être terminée.
Les récents chiffres de l’inflation ont quelque peu refroidi le moral, indiquant que les progrès antérieurs pourraient s’essouffler. L’idée selon laquelle nous sommes au point mort a gagné trac , ce qui a incité à suggérer soit de réduire le nombre de réductions de taux, soit de repousser ces décisions plus tard dans le temps. Les indicateurs d’inflation pour février, avec l’indice global des prix à la consommation et son homologue de base (moins les secteurs volatiles de l’alimentation et de l’énergie) en hausse de 0,4%, n’incitent certainement pas à l’optimisme.
Dans ce contexte, la position de Waller – selon laquelle toute mesure visant à réduire les taux doit être abordée avec prudence – fait écho à un sentiment plus large au sein de la Réserve fédérale. Avec la solidité de l'économie comme filet de sécurité, la Fed estime qu'il est possible d'adopter une approche attentiste, en s'assurant que toutes les mesures prises répondent à des tendances positives durables plutôt qu'à des données passagères.
Le débat sur les baisses de taux
Les récentes discussions au sein de la Réserve fédérale révèlent des divergences dans les attentes concernant l’évolution future des taux d’intérêt. Même si une petite faction au sein du Comité fédéral de l'Open Market penche en faveur de la possibilité de trois réductions de taux au cours de l'année, cette perspective trouve un écho auprès des acteurs du marché, mais est en contradiction avec de nombreux économistes. Ce dernier groupe, selon un sondage, anticipe deux ajustements de taux ou moins, soulignant des perspectives plus bellicistes par rapport à la fois au marché et à certains responsables de la Fed.
Cette divergence d’attentes ne s’explique pas par des points de vue divergents sur la trajectoire de l’économie. Les deux camps, les économistes et les responsables de la Fed, partagent un consensus sur les perspectives économiques, prévoyant une croissance, une inflation et des taux de chômage stables. Le nœud du problème réside dans l’approche adoptée pour faire face aux taux d’inflation sous-jacente qui restent trop élevés. La Réserve fédérale semble prête à envisager le risque d’une baisse prématurée des taux, une stratégie avec laquelle tous les économistes ne sont pas d’accord, compte tenu du potentiel de rebond de l’inflation.
La Réserve fédérale fonctionne selon le principe selon lequel la politique monétaire influence l’économie avec un décalage, généralement d’environ 18 mois. Cette compréhension suggère qu’attendre que l’inflation atteigne précisément l’objectif de 2 % avant d’agir n’est peut-être pas la solution la plus sage. Cependant, la volonté d’assouplir les taux jusqu’à 75 points de base cette année, malgré les incertitudes, souligne un biais d’assouplissement important au sein de la Fed – une position qui semble un peu plus audacieuse si on la juxtapose à l’optimisme prudent des économistes universitaires.